Par Aymeric Engelhard
Après « Romeo+Juliette » et « Moulin Rouge », l’excentrique Baz Luhrmann revient au cinéma avec une fresque grandiose, « Australia », un film qui a la prétention de se rapprocher de grands classiques tels « Autant en Emporte le Vent » ou « Out of Africa ». Une romance sur fond de drame et de guerre. Le tout emporté par la magie que réserve l’Australie dans toute sa splendeur.
Baz Luhrmann a montré qu’il savait traiter d’un sujet difficile tout en instaurant la fraîcheur et la folie nécessaires donnant ainsi ce petit plus qui rendra son film excentrique mais poétique. « Moulin Rouge » en est le meilleur exemple, brillant dans sa conception et osé, l’œuvre est aujourd’hui cultissime. Mais cette fois-ci Luhrmann s’attaque à la grande fresque historique avec comme trame principale une romance entre deux personnages diamétralement opposés. Sarah, anglaise riche et hautaine, se voit dans l’obligation de rejoindre l’Australie et son mari pour s’occuper des troupeaux de bétail. A son arrivée, le mari est mort et c’est un cow-boy bourru qui l’accueille. Elle découvre les guerres entre compagnies de bétail et la vie rustique australienne. Mais le cow-boy bourru s’avère finalement être un gentleman qui saura la séduire. Après avoir essuyé les épreuves de concurrence, le nouveau couple fera face aux Japonais tout juste sortis de Pearl Harbor. Tout ça sous le regard et la magie des shamans aborigènes. Cela ne vous rappelle rien ? « Australia » est une sorte de mixe entre « Autant en Emporte le Vent », « Out of Africa » et aussi « Il Etait une Fois dans l’Ouest ». C’est le portrait d’une femme forte face à la violence d’un monde rude. Mais « Australia » a-t-il les moyens de rivaliser avec les pointures à côté desquels il veut se placer ? Pas vraiment. Tout d’abord car la mise en scène de Luhrmann n’atteint pas l’exquise merveille de « Moulin Rouge », elle est en dessous et en même temps trop prétentieuse pour être classique. Peut-être n’étais-ce pas le meilleur réalisateur pour ce film. Ensuite Nicole Kidman n’atteint pas le niveau espéré. Elle n’arrive pas à la cheville de Vivien Leigh ou de Claudia Cardinale. L’Australienne, qui joue une Anglaise, se voit même dépassée par son partenaire masculin au niveau du charisme. De plus on regrettera fortement cette peau trop lisse, ces pommettes trop parfaites et ce sourire qui rappellent le Joker dans « Batman ». Comme Meg Ryan, Kidman a lâché son beau visage dans la chirurgie esthétique et cela se voit. Mais l’actrice se défend et prend à cœur son rôle fort heureusement. Face à elle Hugh Jackman, bête de muscle et charisme d’enfer. Un acteur génial qui trouve un rôle à sa mesure, celui d’un cow-boy dur comme l’acier transpercé par l’amour. Ce n’est pas un rôle musclé mais le charisme est très important. Jackman écrase les autres acteurs du début à la fin. L’autre personnage important du film s’appelle Australie. Magnifique dans ses paysages, le pays offre sa place au rêve et le metteur en scène fait virevolter sa caméra partout où la beauté dépasse l’entendement. « Australia » est une mine d’or pour les superbes plans. L’éclairage, très présent dans le film, donne parfois une fausse beauté à l’ensemble. Les effets spéciaux atteignent un très bon niveau et l’attaque des avions japonais est assez impressionnante. Par ailleurs l’un des gros défauts du film réside dans cette trop importante présence des aborigènes. Le réalisateur profite de leur magie pour se faciliter les choses. Des situations désespérées seront sauvées grâce à la magie. C’est gros et pas vraiment intelligent. Mais « Australia », c’est aussi cela. Un film de grande envergure, prétentieux jusqu’au bout des os. Loin d’égaler les monstres cités précédemment, le film pourrait néanmoins trouver le statut de culte d’ici quelques décennies, ce ne serait pas étonnant. C’est tout ce qu’on lui souhaite.