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Par Céline Giraud

 

Bernard Jeanjean écrit avec sa femme Martine Fontaine. Ils racontent un peu leur histoire. Les difficultés qu’ils ont pu rencontrer pour avoir un enfant. Ils se donnent alors un challenge de taille, faire de ce sujet douloureux, un film positif pour redonner espoir…

 

Une folle envie… Titre mystérieux et évocateur. Une folle envie de quoi ? Une folle envie d’avoir un bébé ? Après « J’veux pas que tu t’en ailles » et « J’me sens pas belle », Bernard Jeanjean a abandonné les « je ». En effet, « J’veux un bébé » n’aurait pas été sensass’. Dans ce nouveau film, le réalisateur nous plonge immédiatement dans le bain. Dès les premières scènes, nous faisons connaissance avec Yann (interprété par Clovis Cornillac) et Rose (incarnée par Olivia Bonamy) en pleine partie de jambes en l’air. Les voilà lancés dans une course contre la montre en essayant toutes techniques possibles et imaginables pour avoir un enfant : hypnose, queue de lapin, voyance, prière, livres… Une comédie burlesque qui aborde un sujet sensible, qui concerne plus de couples qu’on le pense, et ce, avec humour et émotion. Une fin heureuse ? On l’espère tous. Tentatives d’inséminations artificielles, larmes et rires rythment le film et nous embarquent dans le stress du couple. Le thème principal du film est donc le couple et par extension la famille. On retrouve le panel des familles allant des familles intrusives aux familles distantes. Il n’y a pas de doute, ce long métrage est proche des spectateurs, chacun peut se retrouver que ce soit en tant que couple, famille ou amis. Et pour rapprocher davantage les spectateurs des personnages, deux voix off (celles de Yann et Rose) se complètent et se contredisent. Idée originale que celle d’intégrer deux voix off plutôt qu’une, comme on le voit habituellement. Une chose est sûre, le film fait preuve d’imagination et de délicatesse. De belles questions existentielles bercent les personnages et par la même occasion le public. Il y a une véritable remise en question du couple et de leurs relations familiales afin de trouver les causes de leurs difficultés à avoir un bébé. Il faudra attendre le 18 mai pour rentrer dans le périple d’ « Une folle envie » et voir si l’heureux évènement arrive…

 

Entretien avec l’équipe du film

 

Jusqu’à quel point ce couple ressemble-t-il au vôtre ?

Bernard : Le point de départ. On a essayé de faire un bébé effectivement. On avait des difficultés et on s’est aperçu qu’il y avait beaucoup de gens dans notre cas. Nous, on l’a fait par insémination alors que pour le couple du film, c’est plus mystérieux, plus large en fait. Et oui, je me suis aperçu que de notre génération, c’était très important, il y a six couples sur dix qui ont recours à l’insémination, entre 25 et 45 ans. Et je me suis dit que ce serait un beau challenge de faire quelque chose qui parle de ça, qui est un poil tabou. Et d’en faire quelque chose d’assez léger, d’assez tendre et drôle. 

 

Êtes-vous passé par toutes les étapes qu’on voit dans le film jusqu’à la voyance ?

Bernard : Non, non, il y a beaucoup de fiction. Ça n’a rien à voir avec notre histoire. On voulait faire quelque chose où beaucoup de gens se retrouvent. Par exemple, moi ça m’intéressait que ce soit des provinciaux à Paris, ce qui est mon cas. Et les familles, je voulais faire une sorte de panel représentatif. 

 

C’est un sujet tout de même difficile et on sent que vous êtes sur le fil, vous aviez peur que les gens ne viennent pas ?

Bernard : Dans la dizaine de villes qu’on a fait, on a eu un retour du public vraiment très bien. Plus que le côté poli de l’avant-première. Les gens sont très touchés, pleurent, et on a reçu des témoignages de toute sortes, ceux qui ont réussi, pas réussi, qui ont fait la FIV… Et entre autre, j’ai un souvenir d’un beau témoignage, une femme qui est venue avec son fils qui avait à peu près 9 ans, et m’a dit : « c’est bien, je ne vais pas avoir à lui expliquer, il va voir le film ». C’est comme si justement on levait un secret de famille alors je me suis dit « pas mal, quoi ». Bien joué.

 

Olivia, est-ce qu’en tant qu’acteur c’est difficile de jouer sur le ton de la comédie quelque chose de très intime, de très sociétale et qui revête une certaine gravité ?

Olivia : J’ai trouvé que c’était la qualité du film, j’ai trouvé cela beaucoup plus intéressant de prendre ce sujet douloureux, l’amener vers quelque chose où tout à coup on dédramatise. Les références qu’ils ont, que ce soit la prière, la FIV, les psys ou les bouquins, tout ça c’est vrai, ce sont des étapes que Bernard et Martine ont pu rencontrer dans leur vie. Tout ça est véridique mais j’ai trouvé justement intéressant de traiter sous le ton de la légèreté pour dédramatiser. Bernard voulait vraiment un film qui soit dans la vie, qui soit positif et je trouve qu’en ce sens, il est très réussi parce que c’est un film qui donne de l’espoir. On a reçu le témoignage de gens qui ont été dans cette souffrance qui viennent et qui vous disent « merci », c’est super parce que ça signifie que le pari est réussi. D’ailleurs les gens ressortent avec la banane.

 

Et travailler avec Clovis ?

Olivia : Ah difficile ! C’est un acteur capricieux. (Rires) Non, c’est juste une perle. Avoir la chance de rencontrer un acteur humainement et d’une qualité… c’est juste du bonheur et puis c’est un travailleur, un amoureux de son métier, d’une grande ponctualité. En plus tous les deux, nous étions investis d’une même mission, je pense qu’on a tout de suite posé le même regard sur le film et on a complètement travaillé à l’unisson. 


De tourner des scènes intimes quand on ne se connaît pas, c’est délicat non ?

Olivia : Surtout qu’elles ont été tourné assez rapidement. Bien c’est une manière de se connaître aussi ! (Rires) Effectivement, il y toujours une appréhension sur ces scènes mais on savait pertinemment que Bernard n’allait y mettre aucune vulgarité. Ce sont des scènes très cadrées, et dans la structure de l’écriture et dans le cadre. J’ai rarement vu des scènes comme ça au cinéma où il y a autant d’humour, enfin il y a des scènes qui sont assez drôles quand même.