Par Lauriane Debroux
Réalisme et précision. Tels sont les mots d’ordre de Frédéric Schoendoerffer, réalisateur de « Switch ». Après « Scène de Crime », l’artiste français revient avec un thriller déroutant. Action, suspense et retournements garantis !
Adapté d’un scénario original de Jean-Christophe Grangé et mettant en scène, principalement Karine Vanasse et Eric Cantona, Switch nous fait découvrir la vie d’une jeune québécoise qui, lassée de son quotidien monotone décide le temps d’un mois d’échanger son appartement via un site internet. Elle se retrouve à Paris, en plein mois d’août, dans un duplex avec vue sur la Tour Eiffel. La propriétaire Bénédicte Serteaux (Karine Testa), est partie, elle, à Montréal. Alors que son séjour ne fait que commencer, Sophie Malaterre est réveillée par la brigade criminelle. Le motif : un corps décapité gît dans une des chambres de l’appartement. La jeune femme va alors tout mettre en œuvre pour prouver son identité et son innocence. S’en suit une véritable course poursuite avec les inspecteurs de la Crime menés par Eric Cantona, dans le rôle de Damien Forgeat. Sophie est prise au piège, son destin bascule. Va-t-elle réussir à prouver son identité ? Echappera-t-elle à l’avenir chaotique dont elle est la victime ? Réponse le 6 juillet… Un scénario écrit au millimètre, une Karine Vanasse époustouflante, touchante et un Eric Cantona charismatique et élégant. « Switch » promet de faire des heureux ! Entre retournements de situation, vengeance et cascades réalistes, le duo Schoendoerffer – Grangé est à la pointe de la perfection. Petit bémol pour certaines scènes sanglantes, presque inutiles pour un thriller aussi remarquable.
Entretien avec l’équipe du film
Karine, est-il impressionnant de faire son premier rôle en France avec Eric Cantona et Frédéric Schoendoerffer ?
Oui, absolument puisque je m’attendais à travailler plus longtemps et plus durement pour réussir à jouer ce rôle. Avoir la chance d’être repéré par un réalisateur comme Frédéric, c’est incroyable. C’est un réalisateur de talent qui m’a fait confiance très rapidement et qui me l’a témoigné, ce qui m’a encouragé à me dépasser. Pour ce qui est d’Eric, je n’ai pas grandi avec l’icône qu’il est ici en Europe mais j’ai quelques amis français qui m’ont rapidement rappelé à l’ordre en me donnant des cours de Cantona (rires). C’est assez impressionnant parce que c’est un homme qui en impose beaucoup mais qui en même temps à un charme, une humanité, une sincérité exceptionnelle. Je l’ai découvert surtout comme partenaire de jeu, comme acteur, ce qu’il est depuis quelques années ici, en France. Quand on a eu certaines scènes ensemble, comme les scènes d’interrogatoire, c’était vraiment la chance de me plonger dans les yeux d’un acteur avec qui je vivais une scène. Il n’était pas là à essayer de m’impressionner ou de me faire sentir que je n’avais pas la réputation qu’il a en France. J’aurais pu être avec un acteur qui m’aurait laissé beaucoup moins de place et un réalisateur qui m’aurait manipulé mais ça n’a pas été le cas.
Concernant les scènes de poursuites, avez-vous effectué un stage préparatoire ?
Karine : C’est un beau défi d’être engagée physiquement, ce qui est rare pour les femmes. Avec un des amis de Frédéric, on a travaillé les cascades, ce qui était assez amusant pour moi. Ça nous permettait de trouver le personnage à travers la force physique, la fatigue, l’essoufflement.
Eric : Heureusement, j’ai encore la forme ! Il fallait que l’on soit près physiquement, qu’on soit assez courageux car on avait des balcons à sauter, des espaces très étroits à parcourir. Au-delà de l’imagination de Frédéric, je trouve qu’il y a eu un repérage extraordinaire car le lieu où l’on tourne se prête parfaitement à ce genre de scènes. En plus de ça, le caméraman a fait un travail extraordinaire. Il courait derrière Karine, dans des espaces très réduits, avec une caméra lourde et devait en même temps cadrer la scène.
Frédéric : Pour ce genre de poursuite, il faut avoir les acteurs qui ont la condition physique. Ils ont été bien encadrés par Alain Figlarz qui les a entrainés aux cascades. Il faut aussi un caméraman qui sait prendre beaucoup de risques. Si la poursuite est intéressante aussi, c’est parce que ce sont les acteurs tout le temps, ils ne sont jamais doublés, c’est leur fatigue.
Vous vouliez que votre film soit le plus réaliste possible. Comment avez-vous géré ce besoin de réalisme ?
Frédéric : J’aime le réalisme, je me sens à l’aise dedans. Jean-Christophe et moi, nous avons un univers commun qui est le film noir, l’angoisse, le côté thriller. La différence c’est qu’il est plus tourné vers le fantastique et moi vers le réalisme. Quand on a décidé de faire un film ensemble, il fallait adopter un dispositif où nos différences seraient une force. Chacun a respecté l’avis de l’autre en s’écoutant.
Ce genre d’univers vous a-t-il attiré ?
Karine : C’est la première fois au cinéma que je plongeais dans ce genre d’univers, de type thriller. Je trouve que c’est assez difficile d’être proche de la réalité au niveau de l’environnement, des personnages de la Crime. Et tout le monde a fait un beau travail là-dessus pour y arriver.
Eric : C’est le personnage que Frédéric aime, comme on retrouvait dans les années 50-60 avec une certaine élégance vestimentaire. La combinaison avec son cinéma très contemporain donne un cinéma très efficace.
Frédéric : Il faut dire qu’Eric est très proche des personnes de la Crime, notamment dans le doute, le cheminement psychologique de son personnage.