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Par Aymeric Engelhard

 

Pur fantasme geek ou énième blockbuster surfait ? La sortie d’« Avengers » divise. Présentant l’alliance de quelques-uns des plus importants super-héros du catalogue Marvel, le film entraîne forcément des attentes surdimensionnées. Un immense événement qui a la prétention de renverser les deux fortes têtes que sont Batman et Spider-Man au box-office. Si encore cela était possible…

 

Depuis la sortie d’« Iron Man » en 2008, Marvel Studios prépare avidement la sortie d’un cross-over nommé « The Avengers ». Adapté de la série de comics éponyme, l’œuvre rassemble Captain America, Thor, Hulk, la Veuve noire, Hawkeye, Nick Fury et donc Iron Man. En clair, la plupart des figures de proue de la firme (parmi les grands absents, les X-Men, qui ont filé à la 20th Century Fox, ainsi que Spider-Man, qui tisse sa toile chez Sony). Et chez Marvel, on veut faire le plus grand, le plus fun, le plus important super-hero movie de tous les temps. 2012, année que les fanatiques qualifient d’apocalyptique, voit donc débarquer ces sauveurs de l’humanité (comprenez les États-Unis). En refilant le bébé à un obscure scénariste surtout connu pour avoir créé la série « Buffy contre les Vampires », Marvel espère un film qui se veut tout aussi intelligent que spectaculaire afin de faire face à la mouvance de héros sombres et torturés. Tout est mis en avant pour séduire un public en mal de sensations fortes et surtout faire oublier les fulgurants cadors (le reboot de l’homme-araignée et un troisième « Batman » sentant terriblement le chef d’œuvre) qui débarqueront cet été. Pari difficile. Voire impossible. Joss Whedon n’étant pas Christopher Nolan, le résultat ne pouvait être à la hauteur des espérances. Déjà le schéma d’« Avengers » plonge le film dans un classicisme absolu. Il n’apparaît finalement que comme un enchaînement de péripéties censées se faire rencontrer les Vengeurs, nous dévoiler leurs forces, les faire combattre pour les unir puis enfin les envoyer dans une bataille finale contre un grand méchant tout droit sorti d’un mauvais manga (heureusement sauvé par une interprétation haut de gamme de Tom Hiddleston). Ce dernier déchaîne une armée d’aliens ridicules sur des motos volantes, beuglants et bavants, à des années lumière de la classe limite bling-bling de leurs ennemis super-héroïques. Si le scénario ne fait clairement pas dans la finesse, on retiendra toutefois une utilisation absolument divine de Hulk (excellent Mark Ruffalo), le colosse vert, au centre malgré lui des projets du grand méchant comme du grand gentil (Nick Fury – Samuel L. Jackson). De même, les petites private jokes et autres légères touches d’humour apportent un sentiment de cool attitude à cette gigantesque entreprise. En cela Robert Downey Jr. surpasse sans peine ses collègues niveau dialogues acérés et interprétation savoureuse. A vrai dire, rien dans « Avengers » ne peut rivaliser avec les mythiques « The Dark Knight » ou « Spider-Man 2 » mais si l’on doit bien lui rendre hommage c’est pour ses scènes d’action. C’est un déferlement intense et grandiose d’explosions, de combos grisants et d’héroïsme. Fausse qualité, direz-vous, mais dans un film qui rassemble plusieurs héros cultes, c’est grandement plaisant. Du coup, au final, « Avengers » c’est fun, ça passe vite et ça détruit Manhattan. Marvel sait faire de l’action mais n’aide pas le film de super-héros à entrer dans la catégorie du cinéma respectable là où Batman est en train de lui mettre un véritable coup de pied au c…