La tribune libre de Justin Calixte
Ça y est, me voilà de retour parmi vous. Après quatre mois passés au Maroc dans mon petit village berbère de Mirleft. Comme chaque hiver.
La différence réside dans le fait qu’habituellement, c’était un choix délibéré de ma part alors que cette année, j’ai eu l’impression d’être prisonnier puisque d’autres décidaient pour moi. Si l’isolement pour le misanthrope que je suis devenu ne manque pas de charme, la privation de liberté est insupportable.
Mon confinement forcé à Mireleft m’a permis de voir le fonctionnement marocain en pareilles circonstances. Et il va surprendre les amis qui m’ont inondé de WhatsApp pour me dire leur inquiétude. Ils étaient persuadés que je courais de gros risques, en tout cas beaucoup plus qu’en France. Toujours cette arrogance et cette suffisance des Français qui croient toujours faire mieux que les autres. Car c’est bien connu, nous avons le meilleur système de santé du monde. On a le droit d’en douter.
Car comment expliquer pourquoi sur les 40 millions de Marocains, le coronavirus a tué moins de 200 personnes alors que la France qui compte 70 millions d’habitants a laissé mourir 27 000 personnes.
Surtout que, comme nous le répètent chaque jour les docteurs Diafoirus qui squattent les plateaux de télévision, les facteurs de comorbidité ne manquent pas dans le royaume chérifien : 66 % des Marocaines sont en surpoids ou souffrent d’obésité et près de 15 % des Marocains sont diabétiques.
Il faut dire qu’au Maroc les réactions ont été rapides. Dès le premier cas signalé, le Maroc a fermé ses frontières. Trois jours plus tard, les magasins étaient fermés et une seule personne par famille avait le droit de sortir exclusivement pour faire ses courses. 10 jours plus tard, tout le monde portait un masque même en plein air. En 15 jours, non seulement ils avaient réglé leur problème d’approvisionnement mais ils commençaient à exporter des masques.
Pendant deux mois, je n’ai pas vu un enfant dans les rues alors que les appartements dans lesquels ils vivent, sont évidemment très modestes. Si là-bas aussi la bureaucratie est omniprésente, les décisions politiques prédominent, à la différence de la France où le système bureaucratique a plus de pouvoirs que le pouvoir politique.
Alors, plutôt que de se croire toujours plus malins que les autres ne pourrait-on pas remettre les choses à plat et surtout nous débarrasser de ce virus bureaucratique qui tue la France à petit feu ?
Enfin, moi ce que j’en dis !