La chronique satirique de Justin Calixte
Alors que tout le monde a le droit de s’agglutiner dans les files d’attente à l’entrée des bureaux de tabac, histoire de préparer ses poumons à l’arrivée du coronavirus, on a fermé tous les restos, bars, et bistrots. À notre grand désespoir.
Fini le petit café crème avec croissants, le matin au comptoir. Fini les apéros du soir avec les copains.
Pour ceux qui sont vraiment en manque, sachez qu’il y en a un qui reste ouvert tous les jours de la semaine.
Ça se passe sur CNews. Le patron, Pascal Praud ouvre son café du commerce de 9 heures à 10h30 et le soir de 20 heures à 21h. Les habitués s’y bousculent. La plupart dépassent largement les 70 ans et devraient donc restés confinés.
On y retrouve beaucoup d’anciens journalistes blanchis sous le harnois qui, pendant des lustres, nous ont fait croire en leur objectivité absolue et qui maintenant qu’ils jouent « les vieux de la vieille », se lâchent et nous révèlent le fond de leur pensée dans d’improbables conversations de café du commerce.
Gérard Leclerc, ancien d’Antenne 2 et Jean-Louis Burgart, créateur de « 7 sur 7 » montrent bien, mais qui en doutait, leur faible pour la gauche.
La droite est représentée par une jeunette de « Valeurs actuelles » bafouillante ou encore une trop bavarde Elizabeth Lévy, patronne du journal « Closer ». De temps en temps s’ajoutent un ancien procureur qui s’écoute penser, un vieux chanteur poujadiste ou encore le pathétique Jacques Seguela qui viennent mettre leur grain de sel dans ses conversations de bistrot.
Actuellement, on a droit tous les matins à une femme médecin qui dit tout et son contraire et qui, au lieu de nous rassurer, nous inquiète chaque jour davantage.
Le patron, Pascal Praud, qui ne se prend pas pour la moitié d’un cachet d’aspirine a un avis sur tous les sujets et il n’hésite pas à le donner de façon péremptoire. Au fil du temps, on découvre qu’il supporte de moins en moins la contradiction et aime montrer de plus en plus que l’on peut avoir été un commentateur de football et être pourtant érudit et cultivé. Il fait penser à la fameuse phrase d’Édouard Herriot. « La culture, c’est comme la confiture. Moins on n’en a, plus on l’étale ».
Évidemment, à force de jouer Les Pic de la Mirandole, il se prend régulièrement les pieds dans le tapis. Un exemple : vendredi dernier, il a une nouvelle fois voulu exhiber son savoir en nous expliquant dans un premier temps que le Vendredi Saint a été le jour où le Christ avait été crucifié. Avant de rajouter : « pour ressusciter le lundi de Pâques ». Sans que, bien sûr, personne sur le plateau ne conteste et même de réagisse.
Sans doute, nous expliquera-t-il bientôt, tout aussi doctement, que le Saint Esprit est descendu sur les apôtres, le lundi de Pentecôte. Et que si les sans-culottes avaient eu la bonne idée de prendre à la Bastille le 12 juillet, on aurait pu faire le pont avec le 14.