Par Alain Vollerin
Il était né en Espagne, à Torre de l’Espagnol, province de Tarragone, le 24 Juin 1923, dans une famille modeste. Son père s’engagea dès les premiers jours de l’Insurrection contre le franquisme dans les colonnes de Durruti. Il sera rejoint par le frère aîné d’Evaristo, Manuel.
Obligés de fuir, Evaristo arriva en France avec sa mère et sa sœur. Léon Blum était au gouvernement. Après avoir marché pendant plusieurs centaines de kilomètres, ils furent internés dans un camp spécial à Bergerac. Cette épopée laissera dans l’esprit d’Evaristo des stigmates indélébiles. On peut dire que toute une première partie de son œuvre évoque ces émigrés obligés d’abandonner leur terroir, leur famille, leurs amis, leurs us et coutumes. La famille trouvera refuge à Saint-Fons, où, les premières années furent très difficiles. Lentement, Evaristo pénétra le milieu fermé de la peinture lyonnaise. Il exposa à la Galerie Bellecour. Il découvrit l’art de Jean Couty dont il retint la couleur rouge, si révélatrice du caractère déterminé du maître de l’île Barbe. Evaristo retrouvera en Ardèche, un climat, une géologie rude et sauvage qui réveilla en lui le souvenir de son Espagne abandonnée. Il avait installé au rez-de-chaussée de sa maison, une galerie où il montrait ses sculptures en bois (souvent de l’olivier), et ses peintures. Les années passaient sans que la reconnaissance de son art ne s’officialise. Une brouille profonde avec le critique d’art René Deroudille, alors grand maître des clefs dans l’univers de la peinture lyonnaise, explique probablement cette situation imméritée. En 1975, il expose à la Galerie K animée par le poète Roger Kowalski. Après 1992, date du décès de René Deroudille, la situation d’Evaristo s’éclaircit. Lyon lui rendit souvent hommage. En 1996, avec Charles Gourdin, nous organisions une rétrospective à la mairie de Villeurbanne. Les éditions Mémoire des arts publièrent un livre et un film. Touché par la maladie d’Elzheimer, depuis quelques temps, il ne peignait plus. Atteint par un mal foudroyant, il a quitté brutalement l’affection de sa famille et de ses nombreux amis. Nos condoléances vont à sa famille et particulièrement, à notre ami Ariel, à son épouse Monique, et à leur fils Alwan. Dans le musée qui un jour défendra l’histoire de la peinture à Lyon au XXe siècle, Evaristo doit avoir sa place. Il repose désormais dans le cimetière de Saint-Fons.