Par Aymeric Engelhard
Après trois épisodes ultra cultes, la saga Die Hard trouve le moyen de pérenniser grâce à la course au box-office. Pas de propos, modernisation des thèmes et explosions en masse. Voilà le programme d’un cinquième volet aussi inutile et bâclé que son prédécesseur.
Depuis que Hollywood s’est mis en tête que c’était dans les vieux pots que l’on faisait la meilleure soupe, les héros des années 80 signent leur retour. Et dans une nostalgie presque coupable, le public se déplace (les Jason Statham et autres Vin Diesel n’auront jamais autant de sympathie que Schwarzenegger ou Stallone). Mais à quel prix… La saga « Die Hard » initiée par le plus grand réalisateur de films d’action américains, John McTiernan, s’est ainsi vue renaître de ses cendres en 2007 avec le navrant « Retour en Enfer ». Un film purement moderne qui avait pour cible la génération du tout numérique. John McClane y est perdu avec ses méthodes « à l’ancienne » et le scénario joue allégrement du décalage. C’est juste tellement mauvais qu’on se demande encore comment un cinquième volet a pu apparaître.
Cette fois-ci, McClane part à la recherche de son fiston (Jai Courtney, correct) devenu agent pour la CIA en Russie. Encore perdu au sein d’un univers dans lequel il n’a pas du tout sa place, le policier ricain le plus célèbre du cinoche d’action va tout casser. Dans un délire bourrin jusqu’aux os, ça explose de tous côtés, les voitures se fracassent, les fusils se déchargent et les morts affluent pour un scénario qui n’a pas le moindre intérêt. Une ligne de conduite se tient du début à la fin, cela reste assez simple mais au moins il ne s’égare pas. Cependant les retournements de situation s’avèrent tellement prévisibles qu’on ne peut que s’en plaindre. Les scènes entre père et fils se résument au strict minimum, ce qui n’est pas plus mal tant cela sentait l’insupportable dès la bande-annonce. Et puis ça « badaboum » de partout. L’avantage de ce « Die Hard 5 » c’est qu’au moins on ne s’y ennuie pas. 1h30 d’action plutôt impressionnante c’est relativement divertissant. D’autant que Bruce Willis fait son job, sourire en coin et efficacité physique mis en avant. On ne se pose aucune question et ça pétarade dans tous les sens.
Dommage alors que le choix du metteur en scène se soit porté sur John Moore. Cet exécutif sans personnalité, déjà coupable du désespérant « Max Payne », fait ce que l’on pouvait faire de pire concernant l’aspect visuel de l’œuvre. Format TV, caméra qui tremblote, grain abusif, mises au point ratées ou encore quelques effets spéciaux très laids auront vite fait de décrédibiliser toute esbroufe par la suite. De même, il est grand temps d’apprendre à ce briseur de sujet comment faire un découpage technique, quelles valeurs de cadre enchaîner sans casser la narration. Son incompétence est tristement flagrante. Tout comme celle de son prédécesseur, Len Wiseman, deux hommes venus de la pub ou du clip qui étalent leur méconnaissance de l’art du cinéma. La trilogie « Die Hard » avait le mérite d’exister en tant que fenêtre ultime sur l’action made in 80/90’s. Les deux suites récentes apparaissent comme le symbole d’une époque où l’on confie n’importe quoi à n’importe qui. Seul Bruce Willis semble prendre du plaisir.