Par Aymeric Engelhard
A chaque nouveau film, l’animation made in USA évolue un peu plus. La concurrence fait rage comme d’habitude. Avec « Dragons », Dreamworks prend de l’avance. Ne serait-ce qu’au niveau de ses graphismes flamboyants et de sa puissance. Côté action débridée, la firme créée entre autres par Spielberg fait décidément cavalier seul.
La bataille 2010 entre Pixar et Dreamworks est lancée. Les deux firmes les plus prolifiques de l’animation s’affrontent une fois de plus. Etonnamment, c’est bien le deuxième qui se place pour la victoire (aux Oscars 2011 notamment) avec son « Dragons », la quatrième aventure de l’ogre Shrek prévue pour cet été et même « Megamind » pour Noël. Après tant d’années d’invincibilité, Pixar sent venir le sale coup. La firme de Disney n’a qu’un seul film à mettre en concurrence. Mais pas n’importe lequel. Ni plus ni moins que le troisième épisode du premier chef d’œuvre entièrement numérique, « Toy Story ». Alors voyons ce que vaut « Dragons ». Tout d’abord, précisons que ce n’est pas le scénario qui enverra le film au firmament. Une histoire plutôt basique où un jeune viking en conflit avec ses paires se prend d’amitié pour un dragon et va tenter de faire évoluer les relations entre hommes et bêtes alors que ceux-ci sont plutôt d’humeur à s’entretuer. Finalement il suffira d’un acte héroïque final pour que l’Homme, inévitablement, ouvre les yeux. L’irrespect de l’humain face à la nature se voit forcément visé, facilement certes mais efficacement. Et c’est là la particularité de ce « Dragons », la facilité au service de l’efficacité.
Ce qui envoie le film au firmament est regroupé dans l’évolution. Celle des graphismes, d’une beauté ahurissante. Que ce soit dans les simples textures de paysages ou dans les détails des personnages (il suffit de regarder les barbes), le visuel, s’il n’est pas très enfantin, donne un souffle nouveau sur le champ de bataille de l’animation. C’est simple, depuis « Wall.E » on n’avait pas vu si forte évolution. Le retour flamboyant de la 3D y est certainement pour quelque chose. Et du coup, Dreamworks met le paquet. A grands coups de séquences hallucinantes (les vols à dos de dragons… grandioses) et d’action trépidante, le film se suit avec un plaisir qui ravira petits et grands. Problème pour la firme qui cartonna avec « Shrek » et autre « Kung-Fu Panda », elle privilégie l’humour et l’action au sein d’une ligne scénaristique trop mince. Ainsi, on regrettera les scènes où l’on voit l’humour venir à des kilomètres (bien souvent ce n’est d’ailleurs pas très drôle… Outre un personnage geek dans l’âme excellent) et le manque cruel de surprises. Là où Pixar excelle, Dreamworks flanche. Heureusement, il y a de l’inventivité à revendre. Notamment dans les dragons (têtes d’affiche) qui sont tous plus originaux les uns que les autres. Alors, au final, le cru 2010 de la société au pêcheur débute avec panache dans un déluge d’action au visuel sidérant. Les défauts habituels sont là mais on ne peut s’empêcher d’être totalement sous le charme. Du coup on peut le dire, ce « Dragons » crache le feu !