Par Aymeric Engelhard
Révolution dans le 7ème Art ! L’expérience ultime sort enfin sur les écrans ! Oubliez la 3D et ouvrez votre esprit au trip sensoriel le plus saisissant et choquant depuis « 2001 L’Odyssée de l’Espace ». Du jamais vu, effarant de bout en bout, « Enter the Void » constitue l’œuvre nouvelle d’un cinéaste controversé, un film unique qui pousse au maximum la notion d’extrême.
Aujourd’hui, l’un des plus gros problèmes qui affecte le cinéma international est le manque d’originalité. Histoires déjà vues, remake inutiles, personnages stéréotypés… Le septième art (grand public tout du moins) se répète de façon franchement dérangeante. Evidemment des petites exceptions et les évolutions (morales comme technologiques) se découvrent chaque année. Mais rares sont les cinéastes à apporter quelque chose de totalement nouveau, d’unique, de jamais vu. Gaspar Noé, dont c’est le troisième long-métrage, avait déjà secoué Cannes avec ses idées novatrices grâce à « Irréversible », film ultra choquant, monté à l’envers et marqué par un système de cadrage particulièrement étonnant (la caméra semble voltiger dans tous les sens). Mais ce n’était rien comparé à l’œuvre qui allait suivre. « Enter the Void » se met dans la peau d’Oscar, jeune drogué de 20 ans qui a emménagé à Tokyo. Ses yeux et la caméra ne forment qu’un regard. Alors qu’il s’enfume une fois de plus le cerveau, avachi sur son canapé, Oscar doit sortir en ville et se retrouve au final poursuivi et abattu par la police. Commence alors un voyage dans son esprit par le biais duquel il revit des passages de son enfance, de sa jeunesse et même des moments futurs (en tant que spectateur). Mais tout revient à la même personne : sa sœur, véritable victime des erreurs de son frère, en pleine descente infernale.
Si Noé a choisi Tokyo, ce n’est pas anodin. Cette cité lumineuse comme aucune, une fois la nuit tombée, n’a pas son pareil pour abriter un trip aussi hallucinant que celui ressenti. Car le but du metteur en scène est bel et bien de mettre le spectateur dans un état similaire à celui qui suit la prise de drogues très dures. Visuellement les couleurs se mêlent, sursautent, explosent. La caméra virevolte sensuellement dans tous les sens sans jamais lâcher la vision de l’esprit d’Oscar. Certaines images laisseront dubitatif, elles contribuent à l’immersion totale dans l’univers si étrange qui se meut à l’écran. L’impression est telle qu’il semble ne plus y avoir d’espace entre les images projetées et nos rétines ouvertes comme jamais jusqu’à l’extinction du projecteur. De plus, les musiques qui alternent entre électro pure et sons lancinants et sombres apportent à l’œuvre un univers sonore profondément dérangeant. Le voyage que nous propose le réalisateur de « Seul contre Tous » mord à pleines dents l’extrême sans pour autant délaisser une certaine sensualité. Ainsi Noé n’hésite à montrer de nombreuses scènes de sexe particulièrement explicites dans la phénoménale séquence du Love Hôtel, une pénétration vue de l’intérieur, un avortement puis plus loin le fœtus, des strip-teases… Cela ne peut jamais s’apparenter à de la pornographie, le style et la finalité des images servant le film. Noé créé là un cinéma nouveau, choquant certes, mais au service d’une originalité étonnante (unique même). Aucune violence physique comme morale n’est épargnée, au-delà des images l’histoire terrifiante nous prend à la gorge et nous entraîne dans un enfer visuel brulant. Pendant 2h35, l’expérience nous saigne à blanc, nous maltraite, nous torture… Et croyez-le, ça commence dès le générique (époustouflant de puissance).
Gaspar Noé signe une œuvre qui joue avec nos sens de façon sidérante. On n’avait pas vu ça depuis Kubrick et « 2001 L’Odyssée de l’Espace ». Une plongée dans l’esprit, celle d’un cinéaste qui créé, façonne une nouvelle façon de voir les choses. « Enter the Void » ou l’expérience ultime.