Par Aymeric Engelhard
Si les super-héros font la une chaque année, il est clair que 2010 sera liée à Kick-Ass. Ce geek sans pouvoir affublé d’une combi de plongée ridicule saura se faire un nom. Dans un film qui mêle humour délirant et violence sadique, on touche le culte du doigt.
Déjà, « Kick-Ass » ne commence pas comme les autres films du genre. Ici, un arménien se prend pour un planeur avant de s’écraser sur un taxi. Tordant, surtout que le narrateur se charge de préciser que c’était un suicide. On est prévenu d’avance, l’humour noir va se balader en toute liberté et on va en prendre plein les dents. Le narrateur c’est Dave Lizewski, ado fan de comics, capable de se masturber sur la première image de mamelle visible et franchement loin d’être populaire dans son lycée. Il veut devenir comme ses idoles héroïques et adopte un style combinaison de plongée assez étonnant. Finalement il se fait plus tabasser qu’il ne tabasse lui-même mais une vidéo prise sur le vif en fait une superstar (merci youtube !). Sous le nom de Kick-Ass (littéralement « coup de pied au c.. ») il devient la cible de Franck d’Amico, le méchant, et fait la rencontre de Big Daddy et Hit-Girl, justiciers hors-la-loi.
Le réalisateur Matthew Vaughn (« Layer Cake ») joue à fond la carte de l’humour et de la violence. Pour info, la fameuse Hit-Girl n’a que onze ans et elle préfère déjà les armes aux poupées. Le film se veut totalement incorrect tant moralement que politiquement, il met les super-héros à rude épreuve. Si « Watchmen » avait déjà créé une belle brèche l’année dernière, « Kick-Ass » vient consolider l’idée que le temps des héros sans peur et pleins de morale n’a plus sa place dans le paysage cinématographique actuel. Ils sont maltraités, entrevoient leur limite et souffrent de problèmes psychologiques (on se souviendra toujours de l’effet du Joker sur Batman dans « The Dark Knight »). Kick-Ass, lui, ressemble fort à Peter Parker (Spider Man) dans ses débuts, d’ailleurs le film ne lésine pas sur les références mais toujours de façon comique. Ensuite il se créé son propre culte à l’aide de « coups de bol » improbables et de rencontres étonnantes. Le grand méchant (qui n’est même pas son ennemi direct) snife de la coke, envoie son raté de fils à la chasse, se marre devant des lynchages et tue en pleine rue. Quand à Big Daddy et Hit-Girl, ils font couler le sang à foison à grands coups de fusil à pompe ou lames tranchantes.
Les acteurs ne surjouent jamais, au contraire ils sont absolument excellents. Aaron Johnson et Chloe Moretz restent les deux révélations du métrage. Mark Strong fait un méchant parfait, plein de sadisme et de dérision. Enfin on applaudira le retour exemplaire de Nicolas Cage, génial dans ce film, qui confirme quelques semaines après « Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle-Orléans » qu’il sait encore exceller (son dernier bon rôle remontait à « Lord of War » en… 2005). Cette belle bande d’interprètes se voient mêlés dans une réalisation étonnante qui enchaîne les références. On pourra alors dire qu’elle est inégale et que certaines scènes d’action manquent singulièrement de finesse. Mais que ce soit dans la photographie ou dans le plupart des cadres, Vaughn a su donner un aspect unique à son long-métrage. Il a su aussi le rythmer de musiques explosives (Prodigy) et belles à en crever (reprises de films tels que « 28 Jours plus Tard » ou « Sunshine »).
Au final, « Kick-Ass » est un divertissement éclatant à la fois très drôle, très violent et très incorrect. Ca fait du bien, incontestablement, c’est du culte sur pellicule. Bien qu’inégale, cette œuvre saura séduire en tant que film de geek ultime. Le film du mois !