Par Aymeric Engelhard
Mais comment diable une suite a-t-elle pu être mise en chantier à l’odieux « Choc des Titans » ? Cet extraordinaire ratage qui rapporta beaucoup au grand dam de ceux qui aiment le vrai cinéma ne méritait en aucun cas tel honneur. Et comme on ne peut faire pire, que beaucoup des coupables ont avoué la piètre qualité du premier métrage, on est en droit d’espérer une suite qui balaye les erreurs, qui éradique les bêtises. Une colère digne de ce nom.
Avec 493,2 millions de dollars rapportés dans le monde entier, le remake du « Choc des Titans » imposait une suite, selon la politique des majors américaines. Les hordes de critiques assassines ne découragent jamais un grand studio. Exit Louis Leterrier, la Warner fait appel à un réalisateur très peu connu pour ses talents de metteur en scène mais bien pour sa capacité à accepter n’importe quoi. Un véritable pantin sur lequel les producteurs déversent leurs exigences. Jonathan Liebesman prend donc « La Colère des Titans » dans ses mains de bois avec l’idée d’en faire « un « Gladiator » avec des créatures ». Il renvoie Persée au milieu de la lutte entre Dieux. Cette fois-ci Hadès et Arès se sont alliés afin de faire tomber Zeus et libérer le titan Kronos. Pour venir en aide à son père, Persée devra occire des chimères, affronter plusieurs cyclopes géants, sortir indemne du fameux labyrinthe gardé par le Minotaure et pénétrer le Tartare, la prison infernale. La routine quoi. Tout cela au sein d’un scénario qui, avec des moyens moindres, ressemblerait à un conflit familial de bas étage. Chaque dialogue sonne faux et n’apporte jamais rien à l’histoire déjà très maigre. Les acteurs surjouent allègrement (Sam Worthington est décidément toujours aussi expressif qu’une théière), certains semblent d’ailleurs s’être perdus en route (Bill Nighy et Edgar Ramirez pour ne citer qu’eux), et le duo Liam Neeson – Ralph Fiennes n’a guère évolué depuis le premier volet. Pourtant malgré ces défauts assez assommants, cette « Colère… » se révèle en tout point supérieure à son aîné. En doublant le quota de scènes d’action, en améliorant les effets numériques et en usant d’une 3D de qualité, on peut y trouver de quoi sensiblement se divertir. Qui plus est, les ignobles décors de cité en carton-pâte du « Choc… » sont ici remplacés par les démentielles étendues enflammées des Enfers (le Tartare est somptueux), des forêts détruites ou encore le labyrinthe du Minotaure et ses murs mouvants. Concernant ce dernier, il apparaît comme purement illustratif. D’une durée ridiculement courte et d’une issue absolument grotesque, cette scène montre à elle seule toute la bêtise de l’entreprise. Liebesman montre cependant quelques qualités filmiques que Leterrier n’avait pas. Là où le Kraken était filmé avec les pieds, Kronos apparaît réellement impressionnant. Le son produit par le titan, son immensité s’écrasant sur un champ de bataille, fait littéralement trembler la salle de cinéma. Une puissance inespérée qui s’extirpe au-dessus des aberrations. « La Colère des Titans » montre donc quelques qualités rassurantes. Pour autant, le niveau ne vole pas haut et il est à espérer que les dégâts sont désormais finis. Là où la série de jeux-vidéos « God of War » montre une antiquité grecque digne de ce nom remplie de violence, de créatures terrifiantes et d’affrontements homériques, la saga des titans ressemble plus à une arnaque dans laquelle seuls les enfants peuvent trouver un plaisir total. Dommage que les films ne leur soient pas uniquement destinés…