Par Aymeric Engelhard
Si les studios Bluesky n’arrivent toujours pas à la cheville des Pixar et autres Dreamworks au pays du film d’animation, mais ils comptent quand même sur une franchise ultra lucrative dont l’humour fonctionne à plein régime depuis sa création. Chaque volet de « L’Âge de Glace » créé une attente imposante et jusque-là nous n’avions pas été déçus. Jusque-là. Alors que le volume 3 était réussi mais déjà limite, ce quatrième se révèle complétement à l’ouest.
C’est tout de même significatif lorsque l’on sort d’une séance en ayant oublié ce que l’on venait de visionner. Si la pellicule n’a pas laissé son empreinte dans les rétines et cerveaux, ce n’est pas bon signe. Malgré toute la sympathie, voire la passion, éprouvée envers une saga aussi géniale que « L’Âge de Glace ». Le fléau qui a détruit les troisième et quatrième épisodes de « Shrek » semble avoir atteint les anciennement désopilantes aventures de Manny le mammouth, Diego le tigre à dents de sabre et Sid le paresseux. La faute à qui ? Surement aux départs de Carlos Saldana de la réalisation et Chris Wedge, le créateur et consultant de la saga. Les deux hommes se retrouvent crédités à la production pendant qu’un nouveau duo prend en charge la mise en scène. Ils jouent la carte du film facile avec ses rebondissements cousus de fil blanc, ses personnages déjà vus et son histoire de base calquée sur un immense succès (« Pirates de Caraïbes »). A cause de Scrat, l’écureuil épileptique obsédé par les glands, la division des continents est en marche. Du coup, la terre se craquelle et les trois héros se retrouvent perdus sur un iceberg qui dérive sur l’océan. Ils tombent alors sur des pirates qui ne les lâcheront pas de tout le reste du métrage. Pire, ils décident de moderniser la saga en s’intéressant à Pèche, la fille de Manny devenue adolescente en mal de vivre. Au gré de scènes terrifiantes de bêtises, on a droit à toute la panoplie de la comédie teenage débilitante (elle est amoureuse du crétin super hype qui traîne avec ses poules superficielles, elle délaisse son meilleur ami pour ne pas paraître has been pour finalement se rendre compte en fin de film de son erreur…). Horrible. Les tribulations du trio de tête nous apparaissent bien sympathiques à côté, malgré le terrible manque d’inspiration qui les accompagnent. Mais force est de constater que l’on rit très peu. Si Manny reste fidèle à lui-même, bourru et impressionnant, Diego et Sid en prennent pour leur grade dans ce volet. Le tigre se retrouve dans une histoire d’amour tellement mal torchée qu’elle ferait passer le pire épisode des « Feux de l’Amour » pour un modèle de romantisme. Quant au paresseux, il se voit quasi totalement effacé par sa grand-mère, le nouveau personnage rigolo (ou pas). C’est assez désespérant, d’autant que leurs ennemis ne tiennent en aucun cas la dragée haute. Et Scrat alors ? Ce phénomène hilarant, figure de proue de la saga et détenteur des scènes les plus cultes des trois épisodes précédents fait ici vache maigre. C’est simple, tout ce qu’il y a de plus drôle se trouve dans les bande-annonces (soit 60% de ses scènes) et le reste n’arrache que difficilement un sourire. A force de verser dans l’abracadabrantesque, l’écureuil ne passionne plus et parvient même à navrer (le délire final avec l’Atlantide fait même peur tellement c’est mauvais). Mais qu’y a-t-il à sauver alors dans cet épisode de trop ? Un capital sympathie évident, heureusement, qui empêche de s’ennuyer et quelques vannes bien placées. Comme les deux derniers « Shrek ». Messieurs de Bluesky, il est grand temps d’arrêter.