Par Aymeric Engelhard
L’action des 80’s, celle qui explose pour de vrai, celle qui saigne et tâche, celle qui met en scène un héros burné ainsi qu’un méchant vraiment méchant est de retour depuis quelques années.
Ses plus grandes gloires tentent de prouver leur longévité malgré les rides et la graisse qui prennent le pas sur les muscles, et nous, spectateurs toujours aussi fanatiques, on suit avec plaisir. Surtout quand c’est de Schwarzy qu’il s’agit. Après une (trop) longue retraite politique, le Governator Arnold Schwarzenegger revient au cinéma. S’il avait déjà remontré le bout de son faciès autrichien chez son confrère Stallone le temps de deux apparitions en Expendable, c’est dans « Le Dernier Rempart » qu’il tient le haut de l’affiche pour la première fois depuis 2003 et le très décevant « Terminator 3 ».
Et quand on sait que c’est le virtuose coréen Kim Jee-Woon qui assure la mise en scène, tous les espoirs de voir une véritable bombe à fragmentation sur pellicule sont permis. En effet, le bonhomme détient à son actif des polars extrêmes visuellement époustouflants (« A Bittersweet Life » et « J’ai rencontré le Diable »), le voir sur la violente histoire d’un shérif qui doit défendre sa petite ville d’un dangereux chef de cartel a tout du fantasme. Surtout avec l’ex-Terminator en figure de proue.
Malheureusement, la plupart des réalisateurs asiatiques qui se sont laissé tenter par l’aventure américaine en ont été pour leurs frais. Et exception ne sera pas faite avec Kim Jee-Woon. Ce qui a tout du film d’action parfait sur le papier tombe vite à plat tant la réalisation du coréen manque de mordant et de régularité. Le film alterne séquences explosives intenses et passages d’exposition sans intérêt. Le rythme en subit lourdement les conséquences, empêchant l’œuvre d’atteindre le statut de « fun ». « Le Dernier Rempart » apparaît au final très peu maîtrisé.
Cela invite à se questionner sur les différences évidentes qui existent entre des cultures cinématographiques, et le résultat d’un mélange entre elles. Heureusement, l’homme se rattrape dès lors que les coups de feu pleuvent, que les voitures rugissent et qu’il faut offrir à Schwarzenegger des moments d’anthologie. Car en ce qui concerne le retour de l’acteur, les promesses sont plutôt tenues. Il a beau ne pas être forcément bien dirigé, son charisme et sa réputation font le boulot. Il y croit. Et quand Arnold y croit, nous aussi.
A la différence de Sylvester dans « Expendables », il joue sur son âge, donnant dans l’humour dès lors que ses limites physiques sont atteintes. Facile mais efficace. Et quand il faut flinguer ou se battre au corps à corps, il est là, encore et toujours, affichant son regard de fer et balançant ses fantastiques punch-lines à la figure de ses adversaires. Des ennemis bien clichés, mexicains ou barbus aux cheveux gominés armés de très gros pistolets (fantastique Peter Stormare).
Ainsi l’on peut trouver notre compte dans « Le Dernier Rempart » malgré des défauts qui sautent aux yeux. La dernière demi-heure est tellement tonitruante qu’elle fait quelque peu oublier le rythme si peu maîtrisé qui régnait auparavant. Finalement le long-métrage ne fonctionne que grâce à son concept de film d’action tout droit sorti des années 80 avec tout ce que cela apporte en testostérone et humour, et repose évidemment sur un Schwarzy qui n’a pas pris une ride, enfin presque.