Par Aymeric Engelhard
Choix cornélien. S’attarder sur le nouveau téléfilm du prolifique mais navrant Soderbergh (on se demande où est passé le génie de « Traffic ») ou la nouvelle kitscherie musicale formatée dans laquelle il n’y a de rock que le titre. Allez, disons le second, il y a surement plus de choses à dire et à critiquer (rire diabolique). Après tout, quand on fait un « High School Musical » avec pour seule originalité des morceaux rock, il ne va pas pleuvoir des fleurs.
Sur le papier, « Rock Forever » possédait un réel attrait. La participation de Tom Cruise à ce projet a été rapidement mise en avant et une photo de lui grimé en rock star fut dévoilée avant même la bande-annonce. De quoi rendre le film digne d’intérêt, le sieur Cruise démontrant depuis « Tonnerre sous les Tropiques » de nouvelles dispositions assez tordantes pour la comédie. Mais depuis que le trailer a fait son chemin sur la toile, les espérances ont entamé une chute assez significative.
Cruise n’est en effet qu’un second-rôle passant allégrement derrière une bluette pour ados pour le moins kitsh et repoussante. Reste que c’est une comédie musicale. Et que fait le cinéphile endurci face à la rareté d’un tel projet ? Il y court naïvement. Et il s’écrase le nez contre un mur de débilités profondes, assommantes et complétement à côté de la plaque.
« Rock Forever » narre effectivement l’arrivée à Hollywood de Sherrie (rien que le nom n’est pas un signe d’intelligence), une blondasse court vêtue, hyper maquillée avec des rêves plein la tête. Elle espère côtoyer les plus grandes stars du rock dont elle est éperdument fan et fait la rencontre d’un jeune barman beau gosse en marcel qui justement travaille dans l’établissement qui reçoit en concert les plus grands noms.
Et comme la vie c’est facile, il la fait embaucher (ils se connaissent depuis environ une minute). Le bar, quant à lui, flirte avec la faillite et compte sur le concert événement de Stacee Jaxx (Tom Cruise) pour renflouer les caisses. S’en suivront des numéros musicaux débilitants où les deux héros (correspondant largement plus aux critères physiques et psychologiques actuels que de l’année 1987) chantent d’immenses classiques rock avec des voix retouchées et des chorégraphies modernes.
On dirait aisément un « High School Musical » dans lequel sont ajoutés des chansons cultes de Def Leppard ou Jon Bon Jovi ainsi qu’une ambiance visuelle eighties (très utopique au passage). Julianne Hough et Diego Boneta remportent facilement les palmes des pires interprètes de l’année. Ils contrastent avec le seul point fort de cette farce : ses second-rôles phénoménaux. Catherine Zeta-Jones en sainte nitouche anti-rock fait des merveilles, le duo Alec Baldwin – Russel Brand nous offre de véritables passages hilarants et puis il y a Tom Cruise.
L’acteur réussit une mission impossible de plus en incarnant un mix entre Axl Rose (Guns n’ Roses) et Steven Tyler (Aerosmith), un dieu du rock perdu loin dans les limbes de son esprit divaguant, à moitié nu, hors de contrôle, à la sexualité folle… Une bête de scène et de cinéma dont chaque apparition pose une pierre de plus à son édifice cinématographique déjà conséquent. Il n’y a pas à dire, le plus critiqué des acteurs prouve pourtant chaque année qu’il est toujours au top du top, qu’il sait se renouveler avec la plus grande des classes. Sa seule présence agrémentée des quelques autres géniaux seconds couteaux aurait parfaitement suffi pour faire un excellent film.