Par Aymeric Engelhard
On le savait. « Sherlock Holmes » à la sauce « Snatch », « Arnaques, Crimes et Botaniques » ou « Rock’n’rolla » ce n’était pas possible. Il fallait respecter un minimum le bagage d’origine. Donc Guy Ritchie abandonne ce qui a fait sa gloire pour se consacrer aux aventures du plus célèbre des détectives, ses contraintes avec lui. Il place le héros au centre d’une aventure palpitante où il sera question de meurtres, de complots, de tromperies et de nouvelles technologies. Aidé par Watson, Holmes fait notamment face à un ennemi coriace (Blackwood) et à une femme fatale. Le scénario s’avère basique et nourri aux clichés américains, il apparaît vite dommage que le réalisateur n’apporte pas son humour british pourtant si explosif d’habitude. Ici c’est un enchaînement d’évènements qui amènent à des explications finales brouillonnes. Du coup, on est largué. Et ce ne sont pas les jolies déductions du détective qui sauvent l’honneur. Car toutes balancées à la suite, c’est le trop-plein. Ensuite, on déplorera le manque de finesse d’une œuvre qui en demandait pourtant tellement. Face aux romans de Sir Arthur Conan Doyle, le film de Guy Ritchie ressemble plus à une version homosexuelle et londonienne de « Bad Boys », la vulgarité et le sexe en moins. Le duo formé par Holmes et Watson n’est propice qu’à des affrontements verbaux dignes d’un vieux couple. John Watson ou comment rendre un personnage culte inutile, par ailleurs. Quant à Holmes, c’est surtout son côté alcolo/mal rasé qui ressort. Mais le personnage s’avère finalement savoureux, tout en phrase bien placé et en humour grisant.
En fait « Sherlock Holmes » constitue une œuvre qui se regarde avec un certain plaisir. Il s’agit d’un divertissement survitaminé et très agréable. Malgré tout, on sent que la production n’avait pas à « flinguer » un mythe pour en arriver là. Ainsi tout le côté action du long-métrage sort une nouvelle fois des conventions imposées par les romans de Conan Doyle. Ici, on a droit à un Holmes qui se bat aussi bien que Chuck Norris, des ralentis/accélérés à tout va et des effets spéciaux en pagaille (pas exceptionnels en plus). C’est plaisant mais non justifié. Heureusement que le Londres du XIXème siècle est très réussi. Grâce à une photographie impeccable et des décors riches, Ritchie gagne son pari. Aussi la partition de l’immense Hans Zimmer à la musique contribue à nous plonger totalement dans cet univers (bien qu’elle ne casse pas trois pattes à un canard).
Au final c’est dans les comédiens que l’ont trouve de quoi crier victoire. Robert Downey Jr. est excellent malgré le fait qu’il ne colle pas au personnage d’origine et Jude Law interprète un Watson classieux. Mention spéciale au regard pénétrant de Mark Strong (« Mensonges d’Etat ») dans le rôle de Blackwood, cet acteur n’en finit plus de grimper. Les rôles féminins n’ont pas la chance d’être aussi poussés que leurs homologues masculins mais leur charme fait souvent la différence. Bref, ce « Sherlock Holmes » aurait mérité un traitement plus fin et qu’un autre réalisateur s’en occupe. Non pas que Guy Ritchie soit mauvais mais sa présence derrière la caméra reste contestable. Un scénario flou, des péripéties dignes de John MacLane (Bruce Willis dans « Die Hard »)… Ce film finit tout de même par plaire grâce à son acteur principal qui, lui, a visiblement pris son pied. Chanceux.