Par Aymeric Engelhard
Le Disney/Pixar de l’été n’est pas comme ses prédécesseurs, ni même comme ses successeurs annoncés. Avec ce film, le studio hollywoodien sacrifie son concurrent Dreamworks sur l’autel du film d’animation. Jamais long-métrage de divertissement en images de synthèse n’avait été aussi beau, aussi intelligent et aussi émouvant sans pour autant laisser tomber l’humour. Wall.E est une merveille.
Le cru estival du film d’animation de cette année a vu une nouvelle fois les grosses écuries, Pixar et Dreamworks, se tirer la bourre. Dreamworks, entreprise créée par Spielberg et qui a mis sur pied entre autres « Shrek » et « Madagascar », a enflammé les salles de cinéma avec son « Kung Fu Panda ». Succès indéniable, graphismes sublimes, mais à qui l’on a reproché le fait que l’humour soit légèrement passé à la trappe. Face aux tribulations d’un panda dans la Chine antique, Pixar, associé à Disney envoie sa nouvelle bête de compétition : le robot Wall.E. Une sorte de boîte de conserve programmée pour nettoyer la Terre, 700 ans après que celle-ci fut quittée par l’humain à cause d’une trop forte pollution. Mais alors comment un petit robot insignifiant peut-il rivaliser dans les salles ? Tout simplement grâce aux magiciens qui l’ont créé. Pixar est une troupe de sorciers capables de faire pleurer le spectateur (de rire ou de tristesse) avec une petite boîte de conserve. En instaurant la solitude, l’amour, l’aventure spatiale et des péripéties hilarantes, Wall.E devient l’un des personnages les plus attachants qui soit. Il est terriblement seul et a sombré dans une routine quotidienne qui dure depuis 700 ans. C’est un robot intelligent qui déprime tous les soirs en regardant les étoiles. Il suffit de voir ses grands yeux se baisser doucement et ses petites mains se lier pour fondre en larme. L’arrivée d’Eve (extraordinaire aussi), petit robot high-tech envoyé par l’espace sur Terre, va changer sa vie. Les deux personnages apprennent à se connaître jusqu’au moment où la nouvelle venue doit repartir dans l’espace pour accomplir sa mission. Wall.E, amoureux, réussit à la suivre tant bien que mal. Commence alors d’extraordinaires péripéties dans un immense vaisseau où s’est retranchée la race humaine.
On se rend alors compte à quel point ce film est intelligent. Il met en scène une version réaliste des Etats-Unis dans le futur : la Terre étant trop polluée, ses habitants se retranchent dans un vaisseau où la vie devient alors facile. L’air est pur, ils ont les robots à leur disposition, tout leur est dû… On voit alors que pas un seul Américain n’est pas obèse, ils ont oublié les fondamentaux et ne sont finalement que des machines bêtes et insignifiantes. Un film qui dénonce ? Certainement, mais qui n’est pas sans interpeller indirectement un certain Georges W. Bush sur le départ. Si Wall.E frappe par son aspect politique réaliste et son personnage principal extrêmement attachant, il repousse aussi les limites au niveau des graphismes et de la musique. Somptueux, le film utilise ce qui se fait de mieux en matière de technologie. En clair, il y a encore eu des évolutions entre ce long-métrage et son prédécesseur « Ratatouille ». Et au niveau musical, c’est une perle de bande originale qui se classe entre « Star Wars » et « 2001, l’Odyssée de l’Espace ». A signaler aussi l’énorme travail de Ben Burtt (celui qui faisait les bruitages de R2-D2 dans « Star Wars ») pour les voix des robots. C’est aussi grâce à lui que Wall.E est si attachant. Mais que dire d’autre face à l’émerveillement que procure ce long-métrage ? On rit, on pleure, on s’extasie devant la beauté de la chose, Wall.E devient alors inoubliable. Peut-être le meilleur Pixar de tous les temps devant les cadors que sont « Toy Story », « Le Monde de Némo » ou encore les oscarisés « Ratatouille » et « Les Indestructibles ». Un chef d’œuvre, peut-être LE chef d’œuvre de l’animation.