De notre consultant Franck Girardet
A l’heure où notre gouvernement encourage les Français à retourner au charbon, les footballeurs ont été interdits de retourner à la mine.
Le bon peuple doit faire redémarrer l’économie, s’entasser dans les transports en commun aux heures de pointe, laisser ses enfants à l’école mais en revanche il est interdit de divertissements divers et variés dont l’un de ses favoris : le football. Certes, jouer des matches avec des tribunes vides n’est pas forcément très sexy, pour les footballeurs cela doit être moins « bandant » mais qu’en est-il du plaisir du jeu et du plaisir des yeux ?
Les contradicteurs diront que la santé est en jeu. Ils n’auront pas totalement tort mais pas non plus franchement raison. Ah cette chère santé. Il est vrai que mettre 12 enfants dans des classes de 90m² est plus « safe » que de mettre 22 acteurs + 3 arbitres sur 10 200m². Il est vrai que nos enfants sont tous suivis quotidiennement par des médecins et peuvent être testés tous les jours, ce qui n’est pas le cas des clubs sportifs professionnels bien entendu.
Le vendeur en boutique doit s’entasser dans le métro pour aller bosser pour prendre ses 1 400€ mensuel, cependant le footballeur de Ligue 1 à 94 000€ en moyenne par mois ne veut pas que sa santé soit en danger. Ne sait-on jamais si les médecins des clubs étaient incapables de tester leurs joueurs quotidiennement et de les isoler en cas de soupçons.
Derrière cette pointe d’ironie se cache un triste constat sur notre incapacité à savoir lever parfois des barrières et ne pas mettre en péril une économie comme une autre celle du sport. Après tout, 400 millions d’€ de pertes ce n’est pas grand-chose. L’économie du football ne représente que quelques milliers d’emplois, voyons. Toujours à parler de pognon décidément.
Oui, le football rapporte beaucoup au fisc français au travers des impôts sur les revenus pour les joueurs, les cotisations sociales et patronales pour les clubs. Pour les bas du front, rassurez-vous, si on comptait 100 000 footballeurs pro et les salaires qui vont avec en France, notre déficit se porterait comme un charme.
Il devient agaçant, il y a bien plus important que le football, me direz-vous.
La réponse est oui, un grand oui même, mais au moment où les cinémas, les restaurants, les bars sont interdits, le bon peuple a besoin de divertissements. Quelques acteurs crient au loup sur les réseaux sociaux pour défendre la culture et le Mark Zuckerberg de la start-up France accourt.
Pour le sport, le seul à se démener est Jean-Michel Aulas. Certes, il peut parfois excéder, souvent il défend avec une mauvaise foi maligne son club mais il à toujours été un visionnaire, il a toujours eu « des coups d’avance ».
Croire qu’il défend uniquement son et notre OL est un mensonge. Il veut juste éviter le ravin à l’ensemble du football français trop occupé à vouloir débouter celui qui les excède. Ses dirigeants ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. La Ligue de Football Professionnel n’a pensé qu’à se « farcir » Jean-Michel mais a été incapable d’écouter Aulas.
Quelques pontes n’ont jamais envisagé de prendre du recul, de se dire que le mur était face à eux. Non, c’était l’occasion pour chacun de préserver ses intérêts et surtout de se faire la « grande gueule ». Sauf que derrière les discours des grandes gueules se cachent souvent des vérités et du bon sens.
La LFP a préféré faire 224,5 millions de prêt pour sauver les clubs à court terme en tablant sur 2 solutions pour que les clubs remboursent plus tard. La première ce sont les droits télé qui vont augmenter en passant à 1,153 milliards d’€ par saison à partir d’août dont 780 millions d’€ provenant de Médiapro, un nouveau diffuseur sorti de nulle part et dont la solvabilité et le modèle sont plus que vaseux.
En tant que bon Lyonnais et vu mon patronyme, je peux vous dire que je sens venir la quenelle à plein nez.
L’autre solution vient des transferts car les clubs français dégagent beaucoup d’argent dans ce domaine. La crise sanitaire a impacté tous les pays européens donc croire que la fête sera la même c’est juste oublier cet immense iota. Pendant que les autres pays veulent finir leurs saisons pour sauvegarder un minima leur économie et la santé financière de leurs clubs, le football français est dans le monde de Oui-Oui et veut se payer Monsieur le Gendarme.
Les Allemands vont recommencer leur championnat sous peu, les Espagnols, les Italiens et les Anglais vont sûrement suivre et il est bien compliqué d’apposer l’argument de la Deutsche Qualitat à ces derniers. Cela doit être l’exception française. Avec une ministre des sports Roxana Maracineanu les doigts sur la couture du pantalon car elle doit son poste à son passé de sportive mais en aucun cas à ses compétences politiques.
Comment jouer des coudes, faire entendre sa voix et défendre son ministère quand on a le charisme d’un chamallow et qu’on est dans un costume trop grand (cela vous rappelle quelqu’un vous aussi) ? Au moment où l’empire romain va reprendre les jeux, les Français vont se contenter du pain. Macron parlait des Français comme des gaulois réfractaires, son gouvernement nous prouve qu’ils sont dans le même moule.